Une Moule en Limousin?

 

    Sa coquille est épaisse et allongée et sa taille adulte varie de 8 à 11 cm en Limousin. L'épiderme recouvrant la coquille (valves) est noir chez l'adulte et brun chez les jeunes. Le sommet des valves semble « grignoté ». A demi-enfouie dans le sable, seule la partie supérieure émerge, laissant voir ses siphons respiratoires.

 

 

 

                           

« Avec son aspect La Moule perlière se fond dans son environnement »

    La Moule perlière vit dans les eaux pures coulant sur les massifs granitiques. Elle habite préférentiellement les cours d'eau à courant relativement rapide (de 0,3 à 0,75 m/s), profonds de 0,2 à 1 m, larges de 3 à 20 m. Elle vit a demi enfouie et s'implante souvent dans le sable entre les pierres et les blocs rocheux de petites tailles dés lors que le fond est stable. La quasi totalité des cours d'eau qu'elle fréquente est caractérisée par sa pauvreté en sels dissous et notamment en nitrates, phosphates et calcium. La plupart des eaux de consommation vendues en bouteilles lui seraient fatales ! Cette hyper spécialisation explique sa grande sensibilité à l'enrichissement minéral de l'eau et à l'eutrophisation.

           

 « Les cours d’eau présentant un substrat favorable, une eau de grande qualité et une bonne population de poissons hôtes sont de plus en plus rares »

 

    Sans Truite fario ou Saumon atlantique, la Moule perlière ne peut se reproduire. En effet, les larves de moules (glochidies) doivent, pour survivre et se développer, se fixer sur les branchies de ces poissons-hôtes. Cette période constitue à la fois une phase de développement larvaire mais aussi une phase de dissémination grâce aux déplacements du poisson hôte (ce qui compense la dévalaison des larves). La production de glochidies varie de 200 000 à plus de 10 millions par an et par femelle mais on estime que sur 1 milliard de glochidies produites, seulement 10 atteindront l’âge adulte. La jeune moule (jusqu'à 5 ans) vit totalement enfouie dans le sable qui doit être d’une qualité irréprochable, dénué de sédiments fins et asphyxiants. Atteignant 5 cm elle remonte à la surface du sédiment où elle passera, sans quasiment se déplacer, le restant de sa vie, soit une centaine d’années en Limousin.

 

« Cette truitelle transporte et nourrit les glochidies, sans aucun dommage pour ses branchies »

 

 

    Nombre de témoignages rapportent l’abondance passée de cette espèce. Il y a un siècle la plupart des rivières hébergeait encore des milliers de moules, constituants localement de véritables pavages au fond des cours d’eau. Quand on sait que chaque moule filtre 50 à 70 l d’eau par jour, on comprend alors l’énorme travaille d’épuration des rivières qu’opéraient les mulettes. Encore plus que les ramassages directs, c'est la dégradation des milieux (recalibrage des ruisseaux, barrages, pollution des eaux, création d’étangs, piétinement …) qui a fortement contribué à la diminution des effectifs. Selon les spécialistes, la population aurait diminuée de 99% en 100 ans !

 

 

« Les atteintes portées aux rivières et aux ruisseaux et leurs conséquences (colmatage, pollutions, disparition des truites farios, introduction d’espèces invasives…) compromettent fortement la survie de notre Moule perlière »